Les entours
Les ronces n’étaient pas là hier. Elles y étaient bien sûr, elles y sont un peu plus maintenant, dépassant une ligne imaginaire, une longitude qui leur fait prendre possession du lieu.
Une photo de ma tante : 20 sangliers traversent le jardin, en file indienne, au crépuscule. Le soir dans ce jardin ouvert sur les anciens champs de prune d’ente, je sors encore une fois donner leur chance aux étoiles filantes. Les grognements partout dans les ombres font sourdre des peurs ancestrales. Je fais retraite.
Dans la maison, depuis cet été, lorsque nous rentrons diner, les chevreuils viennent aux fenêtres chercher les herbes tendres.
Hier j’entendais que les orques s’attaquent aux voiliers.
Resurgissement des animaux, acculés aux frontières symboliques qui nous en séparent. La pression des terres perdues et des peurs enterrées fait porosité. J’entends les hardes de centaures en plantant la roquette sauvage. J’attends les rages en moi du minotaure.