Pieds vivants
Nous avons des chaussures de sport, légères et confortables. Elles nous permettent de bondir d'un sujet à l'autre, de voyager loin, de peser dix grammes. On en parle, elles nous parlent, elles nous racontent.
Remplacées après six mois, elles sont en permanence à nos pieds, interfaces élastiques avec la Terre, qu'elles dévorent sous d'autres tropiques.
Toujours dans son cocon, le pied reste à l'état de larve. Aveugle, privé de lumière et de son, il s'ennuie. Il voudrait être une chaussure. Une table.
N'importe quel objet qu'un regard effleure chaque jour.
Le soir, après une journée à jouer au foot en tongs, à construire des cabanes dans un sable mêlé de terre de bruyère, mes pieds étaient noircis, blessés par les aiguilles de pin. Pieds vivants à Andernos.